Les colères

les colères de l'enfant

La colère est une émotion qui nous concerne tous, enfants et adultes. Elle représente une réaction physiologique de l’organisme : l’enfant devient rouge, il se crispe, tout le corps est en tension. Les colères sont parfois impressionnantes : l’enfant peut l’exprimer par des cris, pleurs, se rouler par terre, jeter des objets, se cogner la tête. Il hurle sa colère et cela peut être violent et ressenti comme une agression. Or, La colère, ce n’est pas de la violence, c’est l’expression d’un besoin, une demande à l’autre, en vue de rétablir un équilibre. C’est une émotion qui permet à l’enfant d’exprimer sa frustration et de l’accepter. C’est une étape nécessaire, naturelle et normale.

QU’EXPRIME LA COLÈRE ?

La colère fait suite toujours à un mécontentement, une frustration. Elle est l’expression d’un malaise, d’une difficulté, et elle marque l’affirmation de la personnalité. En effet, si l’enfant fait une colère, c’est qu’il exprime ouvertement qu’il n’est pas d’accord. C’est la confrontation entre son propre désir et la réalité qui provoque la frustration et donc sa colère. L’enfant commence à comprendre et intégrer les règles de vie, les limites, et prend conscience qu’il n’est pas tout puissant. Et cela le dérange, alors il l’exprime. Un enfant qui fait des colères est un enfant qui va plutôt bien ! Il s’affirme, tout simplement, en tant que personne différente de l’adulte qui lui dit « non ». La colère, ce n’est pas réellement une demande de l’enfant à satisfaire, elle est plutôt l’expression de la personnalité de l’enfant en construction. En effet, l’enfant n’a pas toujours besoin que ses envies soient satisfaites, il veut juste qu’elles soient reconnues, que ses émotions soient entendues.

Derrière la colère se cache toujours un besoin d’exprimer un ressenti, et l’attente qui se cache derrière cette colère, c’est une preuve d’affection de la part de l’adulte, pour l’aider à supporter les limites et se construire. Le petit enfant a encore du mal à gérer ses émotions, les limites, les frustrations, et c’est en l’accompagnant qu’il va apprendre à gérer la frustration de ses désirs inassouvis.

COMMENT GÉRER LA COLÈRE ?

Il est avant tout important d’essayer de comprendre l’enfant, ce qui a pu le mettre dans un tel état, afin de donner un sens à sa colère. En donnant du sens, en mettant des mots sur ce qui a pu provoquer cela, aide à prendre de la distance également et à déculpabiliser, et éviter le sentiment de rejet provoqué par la colère, d’impuissance, ou d ‘agressivité.

Il est normal que l’enfant exprime son mécontentement si l’adulte a dit « non », et a suscité une frustration. Face à nos frustrations, en tant qu’adultes, nous avons divers moyens d’y faire face, les gérer. L’enfant, lui, n’a pas encore la capacité de gérer ses frustrations autrement que par les cris, les pleurs. Pour aider l’enfant à mieux gérer cela, il est important de lui expliquer pourquoi ce « non », pour quelles raisons nous avons mis une limite, une interdiction à l’enfant. Car nous avons toujours une bonne raison, et la partager avec l’enfant est nécessaire pour qu’il comprenne le « pourquoi » pour mieux l’accepter.

Faire preuve d’empathie et mettre des mots est tout aussi important : « je comprends que tu sois en colère, mais je ne suis pas d’accord avec toi », ou alors « je vois que tu es très en colère, mais si je te dis « non », c’est parce que…. Et je ne changerais pas d’avis ». Par des paroles compréhensives et bienveillantes, nous acceptons les émotions de l’enfant et en mettant des mots dessus, nous lui donnons des « outils » pour qu’il apprenne à exprimer autrement sa colère. Ce qui est important, c’est que l’enfant comprenne que ses colères ne détruisent pas sa relation avec l’adulte. Car, souvent, un adulte dépassé par les cris, les accès de colère de l’enfant, a tendance à le « rejeter », ou à envenimer la situation en n’acceptant pas que l’enfant fasse une colère. De cette manière, l’enfant risque de se sentir « mauvais enfant », et du coup peut avoir le sentiment de ne pas être aimé par son parent (ou l’adulte qui s’occupe de lui). Accueillir la colère, accepter cette émotion de l’enfant est donc essentiel.

Bien sûr, cela est plus facile à dire qu’à faire ! Car pris dans les pleurs et les cris, cela peut nous renvoyer des émotions négatives, nous pouvons perdre patience, surtout si cela se passe en « public ». Le regard des autres peut être désapprobateur et cela nous pousse à crier davantage sur l’enfant, ce qui, souvent, amplifie la situation ! En gardant une attitude calme, douce, et bienveillante, la colère passera davantage plus rapidement, et soulagera à la fois l’adulte et l’enfant !

Face à une colère : parfois il suffit de prendre l’enfant dans ses bras, le contenir, le rassurer, et l’aider à la gérer pour s’apaiser. D’autres fois, un enfant a besoin de faire sa colère seul, afin de se recentrer et se calmer et il convient de le laisser l’exprimer (se rouler par terre par exemple) tout en restant disponible pour lui et l’accompagnant par des mots. En gardant notre calme, nous restons « solides » face à l’enfant et nous lui permettons de sortir cette émotion qui l’envahit.

COMMENT ÉVITER CES COLÈRES ?

Anticiper : dire les limites à l’enfant, le cadre, en avance.
Mettre des mots simples pour le prévenir
Anticiper les frustrations de l’enfant, et les éviter lorsque cela est possible (ne pas mettre à la vue ou la portée de l’enfant des choses qu’il n’a pas le droit de toucher)
Rester ferme dans sa décision : si nous avons dit « non », ne pas émettre l’éventualité d’un « oui »
Mettre des mots sur le refus que l’on donne à l’enfant.
Envisager des alternatives à la frustration, à l’interdiction : il ne s’agit pas de négocier avec l’enfant, mais de lui donner d’autres choix, possibilités alternatives (« non tu n’as pas le droit de grimper ici car c’est dangereux, mais par contre si tu as besoin de grimper, ici tu peux »).

Il s’agit aussi parfois d’être astucieux, afin de dévier l’objet de la colère, et détourner sa frustration en transformant par exemple des « corvées » (pour l’enfant) en jeu ou de manière ludique…

La colère reste un mode d’expression normal chez l’enfant. Lorsqu’elles sont trop violentes et fréquentes, cela peut venir de problématiques qu’à l’enfant, qu’il convient de rechercher afin de trouver les causes parfois profondes de souffrance, et des solutions. En instaurant un dialogue entre parents et professionnels, nous pourrons ainsi accompagner l’enfant ensemble en réfléchissant à des pistes de réponse et solutions.

Aurélie, éducatrice de jeunes enfants

BIBLIOGRAPHIE
“L’ABébéC de la Petite Enfance”, Laurence Rameau, éditions Philippe DUVAL, mai 2014
“Au cœur des émotions de l’enfant”, Isabelle FILLIOZAT, nouvelles éditions MARABOUT, janvier 2013, p.173 à 202

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