L’alimentation du jeune enfant

Alimentation du jeune enfant

Aspects qualitatifs et quantitatifs…

 

1. Je commence la diversification alimentaire à quel âge ?

L’INPES recommande de ne commencer la diversification qu’à 6 mois révolus, et dans tous les cas, jamais avant 4 mois (révolus). La raison est principalement de contrer les risques d’allergies alimentaires.
À 4 mois, la motricité buccolinguale (langue et bouche) permet seulement au bébé de sucer et de déglutir, d’avaler automatiquement. Sa langue repousse vers l’extérieur n’importe quel petit morceau, solide ou pâteux : il le recrache. Ce n’est que vers 4/5 mois qu’il perdra ce réflexe pour garder le morceau, puis l’avaler. Et seulement entre 7 et 9 mois qu’il pourra le mastiquer. Les nouveaux aliments introduits dans le cadre de la diversification alimentaire ne compensent pas le lait, qui est essentiel jusqu’à 1 an en alimentation principale et jusqu’à 3 ans en alimentation importante.

2. Je commence la diversification alimentaire en introduisant :

La compote, puis les légumes, et viennent enfin la viande et le poisson.
Le bébé a une attirance innée pour le sucré. C’est pourquoi il est préconisé de commencer la diversification alimentaire par le sucré (compote). Il vaut mieux commencer par une cuillère de compote à la fin d’un biberon, puis 2, 3… Une fois la cuillère bien acceptée, le bébé sera plus ouvert pour essayer le salé. Viennent alors les légumes, puis plus tard la viande et le poisson.
Lorsqu’on démarre la diversification, il ne faut pas aller trop vite. Prenez le temps de lui faire bien découvrir chaque saveur sur plusieurs jours. Le bébé a besoin d’un temps à chaque fois pour enregistrer cette nouvelle découverte (texture, goût, odeur). Il vous montrera vite ses préférences mais ne renoncez pas s’il vous boude la purée d’ haricots verts. Il faut essayer plusieurs fois pour qu’il apprenne à aimer les nouvelles saveurs, et qu’il y prenne plaisir.

3. Quelle est la quantité de protéines (viande et poisson) dont mon enfant a besoin par jour ?

Entre 8 et 9 mois : 10 g
Entre 9 mois à 1 an : 20 g
De 1 an à 3 ans : 30 g

4. Quelle est la quantité de légumes dont mon enfant a besoin par jour ?

Entre 8 et 9 mois : 180g
Entre 10 et 15 mois : 200g
Plus de 15 mois : 220g
À partir de 2 ans : 250g
Il s’agit de quantités à adapter selon l’appétit de chaque enfant. Cela permet d’avoir un point de repère en fonction de l’âge de son enfant lors de l’élaboration des menus.

5. Quelle est la quantité de féculents (pâtes, riz…) dont mon enfant a besoin par jour ?

À partir de 9 mois : 1/3 de son plat
Plus de 18 mois : 1/3 de son plat
Les enfants n’ont pas besoin de féculents avant 8 – 9 mois. La quantité de féculents introduite reste la même tout le temps, même à l’âge adulte. Il est préconisé de composer des plats avec 1/3 de féculents. On peut accommoder la ration de féculent en fonction de l’appétit de chaque enfant et de son activité physique.

6. Quelle est la quantité de lait dont mon enfant a besoin par jour ?

Le lait doit rester l’alimentation principale du jeune enfant jusqu’à 1 an (le matin, le goûter, le soir), il a besoin sur 24h d’avoir 750ml de lait. De 1 à 3 ans, la quantité nécessaire est de 500ml par jour. Le lait peut être apporté sous forme de produits laitiers.
Les équivalences :
150 ml de lait peut être remplacé par

– 1 yaourt

– ou 60g de fromage blanc

– ou 1 portion de fromage de 30 g

– ou 2 petits suisses de 30 g

 

7. Dans quoi le fer est il présent ?

Nous trouvons du fer dans le lait infantile, la viande et les légumes (légumineuses en particulier). La viande n’est en effet pas la seule source de fer, bien au contraire. De nombreux végétaux et les légumineuses sont un enjeu capital dans l’alimentation des enfants. Le fer est indispensable à la croissance, pour les acquisitions psychomotrices et la résistance aux infections. Une carence en fer chez le jeune enfant peut entraîner notamment des infections ORL à répétition et plus tard des problèmes psychomoteurs.

8. Le sucre et le gras sont-ils bons pour mon enfant ?

Les graisses sont nécessaires au bon fonctionnement des cellules de l’organisme et du cerveau du tout-petit. Mais tout dépend de quel gras on parle ! Dès 9 mois, une cuillère à café d’huile par jour ou une grosse noisette de beurre riche en vitamine A dans son repas de midi est nécessaire. À 3, 4 ou 5 ans, la même quantité suffit. Jusqu’à 3 ans, l’idéal est le lait de croissance enrichi en acides gras essentiels (les fameux omégas 3). Après 3 ans, le lait de vache demi-écrémé peut être donné.

En revanche, attention aux viennoiseries, frites… très caloriques sous un faible volume et qui, prises en excès, favorisent les maladies cardiovasculaires à l’âge adulte et les risques d’obésité. Ce qu’il faut savoir également c’est que plus l’enfant ne consomme de produits sucrés, plus le corps en réclame.

L’enfant a 2 fois plus de papilles que la personne adulte et le goût d’un aliment est très fort. Il se suffit à lui-même. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter du sucre par exemple dans son yaourt nature… ni de sel dans une purée ! Même si nous trouvons cela fade, l’enfant ressent le gout de manière beaucoup plus prononcée que nous, adultes.

Aspects éducatifs et pédagogiques…

 

1. Je donne à manger à mon enfant…

Quand il est tout petit, le biberon peut être à la demande. Entre 3 et 5 mois en général, les biberons s’espaceront. Pour certains bébés, notamment allaités, ils mangeront toutes les trois heures. Mais peu à peu les tétées et/ou biberons s’espaceront pour être pris toutes les quatre heures, le temps que la digestion se fasse correctement. Plus grand, il est préférable également de respecter 4h entre chaque repas (matin, midi, goûter, soir). Si un enfant a faim entre deux repas, mieux vaut lui donner un fruit (qui est digéré au bout de 30 minutes) qui lui permettra de tenir jusqu’au repas.

2. Mon enfant refuse catégoriquement de manger ses légumes

L’enfant a une préférence naturelle pour le sucré. Ainsi, il se peut que certains enfants préfèrent manger le dessert pour ensuite manger le plat. Ce qu’il faut savoir, c’est que le bébé présente une capacité d’autorégulation, qui lui permet d’ajuster sa consommation à son besoin énergétique. Il est parfois difficile à accepter qu’un enfant ne finisse pas son assiette, mais le forcer à finir va faire qu’il mangera sans faim, et il ne ressentira par la suite plus ce sentiment de satiété.

La répression/les punitions lors des repas favorisent l’instauration d’un climat délétère au moment des repas. Alors qu’une ambiance sereine et conviviale va susciter l’envie et le plaisir de manger. Plus il y aura de pression lors des repas, plus l’enfant sera dans le refus.

Pourquoi il ne mange pas ?
• Des raisons physiologiques, de gêne ou de douleur (poussées dentaires, rhume, fatigue,…)
• Raisons psychologiques et affectives (changements dans la vie familiale, arrivée d’un petit frère ou petite sœur, déménagement, séparations…)

L’alimentation est un sujet sensible qui touche les parents, et inquiète. Cette inquiétude se transmet également à l’enfant, et puis ensuite, cela peut créer des tensions, et un climat de répression,… et on entre dans un cercle vicieux. L’enfant sentira qu’il a un « pouvoir » sur le parent pendant ces temps de repas.

Et si nous dédramatisions lorsqu’un enfant ne mange pas ? Il s’agit de chercher les raisons qui peuvent être liées à cette période et essayer de dédramatiser… et tout rentrera dans l’ordre ! Tant que l’enfant est en bonne santé, qu’il ne perd pas de poids, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Accepter que l’enfant ne mange que très peu à un repas, permet de désamorcer une atmosphère conflictuelle et tous les enjeux affectifs et de « pouvoir ».

Ce qu’il est intéressant d’avoir, c’est qu’entre deux et trois ans, les goûts des enfants se précisent et se stabilisent. Les enfants font une sélection de leurs aliments préférés. Il y a à ce moment-là une restriction du répertoire alimentaire. C’est ce qu’on appelle la néophobie alimentaire. C’est une phase normale, qui est variable d’un enfant à un autre. Pour la limiter, la clé c’est d’ouvrir très tôt le répertoire alimentaire de l’enfant en lui proposant une multitude de plats dès son plus jeune âge.

3. Déroulement du repas

Le moment du repas doit être un moment agréable et de plaisir pour le parent et pour l’enfant. Il important de pouvoir être disponible pour lui pendant ces temps-là. Ce temps du repas est l’occasion de passer un moment d’échange et de dialogue avec son enfant. Nommer les aliments qu’il y a dans son assiette, les décrire, en parler, permet de susciter de l’intérêt chez l’enfant et participe à ses connaissances.

La télévision, les jeux, ne sont que des distractions qui ne favorisent pas un véritable temps de repas. L’enfant mange machinalement et n’a pas ce plaisir de partage avec l’adulte. Il n’y a pas de dialogue autour des aliments, des repas. L’enfant ne sait pas ce qu’il mange, et l’éducation aux gouts, aux saveurs, aux couleurs est alors mise de côté lorsque l’enfant est concentré sur autre chose.

Certains enfants mangent rapidement, d’autres plus doucement. Il est important de pouvoir respecter le rythme de l’enfant et ne pas le presser. Lui parler de ce qu’il déguste, de la texture des aliments, leur couleur, odeur… permet d’inscrire le repas dans une musicalité. Cela donne un sens au repas, et permet d’inscrire le bébé dans un échange social et culturel.

4. Mon enfant met les mains dans les aliments et veut essayer d’attraper la cuillère

L’enfant, à un moment donné, commence à vouloir toucher sa purée, mettre la main dans l’assiette… cette étape est essentielle pour que l’enfant découvre ce qu’il y a dans son assiette… la découverte des aliments passe aussi par les yeux, par le toucher, et pas seulement par le gout et la bouche. C’est une étape préalable à la cuillère en général. Laisser l’enfant toucher, c’est permettre à sa curiosité d’être assouvie, et susciter son plaisir d’être à table et de manger !

Ne pas hésiter, pour le bébé qui grandit, à lui laisser une cuillère à la main s’il monte l’envie de toucher et de tenir la cuillère… par imitation, l’enfant, progressivement mettra de lui-même la cuillère à la bouche. Encourager son autonomie est donc intéressant et permet de le faire participer, et à ce qu’il s’autonomise durant le repas. Que ce soit pour les repas ou d’autres choses, l’enfant, à un moment donné, montre l’envie de faire seul. Lorsque cette envie n’est pas écoutée, l’enfant entre dans un refus !

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