La liberté motrice

La liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit et sans le mettre dans une posture qu’il n’a pas acquise de lui-même. C’est un sujet qu’il nous parait important de mettre en avant, car nous constatons que beaucoup de familles se questionnent sur le développement moteur de l’enfant, l’acquisition de la marche. La plupart des familles ignorent encore que le trotteur, cet objet qui fait marcher l’enfant, n’est pas forcément une aide dans cette acquisition et, pire encore, qu’il est néfaste pour le développement de l’enfant et son équilibre futur… !

Le trotteur… pour ou contre ?


Le « youpala », qui est un trotteur, une sorte de déambulateur pour faire marcher l’enfant, est un sujet peu abordé entre parents et professionnels. Tout le monde n’a pas la même vision de cet objet, alors penchons-nous sur ses avantages et ses inconvénients.
Le trotteur, c’est rigolo pour l’enfant, qui parfois en a marre de rester en position assise. Les parents veulent accélérer son apprentissage de la marche pour qu’il puisse se déplacer rapidement de lui-même. L’enfant y prend un tel plaisir que les adultes ont tendance à lui proposer beaucoup. Objet pratique, source de plaisir pour l’enfant… mais est-il vraiment bon pour ce dernier ?
La réponse est « NON » et il est fortement déconseillé par l’Alliance européenne pour la sécurité de l’enfant…. Il est même interdit au Canada depuis plusieurs années.
Pourquoi ?
Le trotteur est à l’origine de nombreuses chutes (80 % des accidents), notamment dans les escaliers non protégés par une barrière fermée.
Il peut provoquer des chocs car l’enfant fonce dans les murs, les meubles, etc. L’enfant n’a pas la maitrise de l’arrêt.
Il permet, plus facilement, à l’enfant d’attraper des objets dangereux traînant sur une table, un canapé, un fauteuil. Ce qui lui est impossible s’il se déplace à quatre pattes.
Outre son côté dangereux, le youpala ne favorise pas la marche. Le petit enfant s’y déplace de façon artificielle, sans tester son équilibre puisqu’il est maintenu droit dans un harnais.
Ne voyant pas son corps en entier, puisque ses jambes sont cachées sous la tablette, il met également plus de temps à intégrer son schéma corporel.
Le déplacement en permanence, sur la pointe des pieds, peut entraîner, à la longue, des déformations au niveau des pieds, des jambes et des hanches, ainsi qu’au niveau de la colonne vertébrale. Lorsqu’il est mis dans le trotteur, l’enfant n’a pas forcément encore acquis un tonus musculaire suffisant.
Le trotteur n’est donc pas nécessaire pour aider l’enfant à marcher, et bien au contraire, il apparait comme dangereux et néfaste pour son développement… Alors, comment favoriser le développement moteur de l’enfant et l’acquisition de la marche ? Le développement spontané et la « motricité libre » restent les meilleurs moyens d’assurer un développement respectueux de l’enfant, une stabilité et un équilibre futur.

La motricité libre, c’est quoi ?


C’est un principe qui a été développé et mis en avant dans la pédagogie « loczy » par Emmi Pikler, pédiatre Hongroise, dans les années 1950. Elle a beaucoup observé les bébés dans la pouponnière dans laquelle elle travaillait. Ce qu’il ressort de ses observations, c’est que le développement moteur de l’enfant s’acquiert naturellement, et que les différentes positions inhérentes à ce développement apparaissent dans un ordre chronologique. Chacun a son rythme passe par différentes postures avant de pouvoir se relever et marcher.

Les enfants sont « programmés » pour marcher, ils n’ont pas besoin d’aide pour cela. Certains prennent plus de temps pour être suffisamment sereins et se lancer. D’autres, plus moteurs, se mettent rapidement debout d’eux même et se lancent dans l’aventure de la marche rapidement. Chacun son rythme, il n’y a pas d’âge pour commencer à marcher. Il est très important de respecter ce rythme. Il ne s’agit pas de compétition, et il n’est pas question de « retard » si un enfant marche à 15 ou 16 mois, sauf dans des cas de « vrais retards moteurs » qui sont identifiés rapidement.

Les bienfaits d’une liberté motrice

L’enfant se prépare à toutes les postures successives pour trouver enfin la position assise puis debout. L’enfant les découvre de lui-même, à partir de sa maturation neurologique et au gré de ses intérêts et de son désir d’expérimenter un nouveau mouvement. Les enfants libres de leurs mouvements acquièrent ainsi :
une grande aisance corporelle,
de la prudence,
un sentiment de compétence.
Ils développent également un esprit d’initiative, une curiosité, et la persévérance. Bref cet apprentissage en autonomie développe leur intelligence et contribue au renforcement de leur estime de soi.
Alors, laissons les bébés trouver d’eux même les positions, laissons leur le temps de découvrir leur corps et ses capacités !

Comment l’accompagner dans son développement moteur ?

À la micro-crèche, le bébé est installé sur le dos, sur des tapis (qu’ils soient « durs » ou plus mous comme les tapis d’éveil). Des jeux sont proposés et disposés à côté de lui, afin de solliciter son regard, et pourquoi pas sa main pour l’attraper… Cela permet à l’enfant de découvrir de lui-même comment se retourner, puis ensuite se mettre sur le ventre et commencer à se relever pour arriver sur les genoux. A partir de là, les premiers déplacements à quatre pattes peuvent se faire, et le reste suit… Le mobilier lui permet, une fois l’enfant debout, de pouvoir s’accrocher aux meubles, à une barre de motricité, à l’adulte….
Il ne s’agit pas de laisser l’enfant explorer le monde tout seul. Nous veillons avant tout à sa sécurité, mais nous l’accompagnons par des regards, des sourires, des paroles, des encouragements, ou parfois des gestes. Cette présence attentive et attentionnée permet à l’enfant de développer un sentiment de sécurité et de confiance. Serein, il s’essaye alors à diverses expériences motrices. Les encouragements de l’adulte sont toujours les bienvenus, car incitent l’enfant à recommencer encore et encore…
À la maison, le mobilier n’est pas forcément adapté aux bébés, mais pas de panique, vous n’avez pas besoin de grand-chose pour favoriser cette motricité libre : une couverture ou un tapis, des coussins, des jouets et vous voilà équipés ! Il s’agit de faire attention à ce que l’espace soit sécurisé lorsque l’enfant commence à se déplacer.
L’essentiel à retenir est de ne pas mettre son bébé dans une position qu’il ne sait déjà prendre par lui-même (la position assise par exemple, s’il ne l’a pas trouvée de lui-même peut être un frein à son développement).