Le sommeil : un thème essentiel dans le développement de l’enfant

Le sommeil chez l’enfant est bien souvent source de préoccupation pour les parents. En effet, c’est parce qu’il est vital au bien-être du tout petit et qu’il favorise activement son développement (physique, émotionnel, intellectuel, social) qu’il est aussi important !
 
Par exemple, un enfant qui dort bien (sommeil de qualité) profitera de sa journée avec sérénité et plaisir. Cela lui permettra d’accroitre ses découvertes, ses expériences, son relationnel avec autrui mais également une meilleure connaissance de lui-même (comprendre et apprendre à gérer ses émotions).
 
En revanche, lorsqu’un enfant a mal dormi, cela donne directement le ton de la journée. Que ce soit au réveil du matin (mauvaise nuit) ou à la fin de journée (peu voire pas de sieste), la suite des évènements devient difficile à gérer : le repas, le temps de jeu, le bain, la gestion des émotions. L’excitation et même l’endormissement du soir peuvent s’avérer des moments détestables alors que le parent, qui n’a pas vu son enfant de la journée (et qui lui aussi peut être fatigué par sa journée professionnelle) souhaite que ces instants de partage soient agréables.
 

Quels rituels d’endormissement pour démarrer une bonne nuit ?


L’endormissement c’est un peu ce qui amorce le sommeil et donc le reste de la nuit. S’il se passe de façon calme et posée, le sommeil de votre enfant n’en sera que le reflet.
 
Il faut savoir que s’endormir, que ce soit pour un adulte ou pour un enfant, c’est apparenté à une déconnexion de la vigilance, de l’environnement dans lequel nous sommes. C’est accepter de renoncer à la réalité qui nous entoure, lâcher prise. Et pour certains, ce n’est pas chose facile…
 
Les rituels d’endormissement sont de bons moyens de donner des repères à l’enfant au moment du coucher. Ils lui permettent de développer un sentiment de sécurité et de s’endormir plus facilement sans appréhender ce moment.

  • Préparer l’enfant au moment du coucher permet une transition entre le temps de jeu et le temps de sommeil. La verbalisation est importante car elle permet de le prévenir, le préparer et l’accompagner au mieux à ce qui va arriver ensuite : l’endormissement et le sommeil.
  • Des paroles calmes et réconfortantes peuvent apaiser les angoisses de séparation qui accompagnent le processus d’endormissement. Faites confiance à votre enfant, dites-lui, expliquez-lui (« Je sais que tu es capable de t’endormir », « tu es en sécurité, tu peux lâcher prise », « je suis là, tu peux compter sur moi si tu as besoin »…).
  • Il est possible de proposer à son enfant de lui lire une série de petites histoires (à vous de décider du nombre de petits livres/ ou un grand livre).
  • La position de sommeil : il peut être placé sur le dos au début (comme cela est préconisé) mais certains enfants aiment être calés sur le côté ou se retournent d’eux-mêmes très vite.
  • La sucette et/ou le doudou : lui donner son doudou préféré ou lui demander avec quel doudou il a envie de dormir ce soir ? Prend-il son pouce, une sucette, un doudou pour son endormissement ou rien du tout ? Sont autant de questions que nous professionnelles pouvons vous poser lorsque nous allons accueillir votre enfant en crèche. Il est important que vous nous guidiez afin que nous respections les rituels, les habitudes de l’enfant pour l’endormissement.
  • Quelques fois certains enfants ont besoin de contenance, d’être endormis dans les bras (surtout les premiers mois de vie). D’autres préfèrent être bercés ou préfèrent s’endormir seul…
  • Vous pouvez lui chanter une ou des chansons en particulier, lui proposer une veilleuse musicale en fond sonore (ou mettre un CD en route) s’il n’aime pas s’endormir dans le silence.
  • Souvent, les parents prennent l’habitude de fermer la porte pour éviter que l’enfant ne soit réveillé par de la lumière ou du bruit, mais certains enfants ont besoin que la porte reste ouverte et d’entendre les bruits ambiants de la maison. Pour eux, c’est un signe qu’il n’est pas seul, que la maison vit (complètement, entre-ouverte / un peu ou pas de lumière).

 
Tous ces petits rituels sont autant d’astuces qui permettent à vous et votre enfant non seulement de partager un moment de plaisir ensemble, de vous dire bonne nuit mais aussi d’enclencher le processus d’endormissement de façon plus douce et agréable.
 

Les situations / questions fréquemment rencontrées en crèche


Les demandes des parents : « Surtout vous le réveillez au bout d’une heure, sinon il ne dort pas le soir »
Parfois, des parents nous demandent de ne pas trop faire dormir leur enfant durant la journée afin qu’il dorme et surtout, « s’endorme » mieux le soir venu. Cependant, c’est une croyance qui peut s’avérer nuisible de penser que moins l’enfant dormira sur la journée et mieux il sera disposé à l’endormissement. Bien au contraire, un tout petit qui accumule trop de fatigue dans la journée a tendance à vite devenir une « boule de nerfs » et ses émotions s’accroissent considérablement (excitation, colère, chagrin, cris…) au moment où il doit aller au lit.
 
De ce fait, un enfant qui dort bien pendant la journée sera plus reposé, plus serein, et aura plus de facilités à s’endormir le soir. C’est pour cela que, plus on respecte les besoins de sommeil d’un enfant, mieux il dormira. Vouloir « raccourcir » à tout prix ses temps de sommeil, c’est prendre le risque de « déclencher » un endormissement compliqué.
 
Jusqu’à deux ans, les siestes de la journée n’ont pas d’impact sur l’endormissement du soir… Il n’y a donc pas de raison de réveiller l’enfant qui dort. Cependant, au-delà de cet âge, il arrive que la sieste de l’après-midi puisse jouer sur l’endormissement du soir qui peut être plus tardif.
 
Après cela se fait au cas par cas, en fonction des situations de chaque famille, et à partir des échanges entre parents et professionnels. Dans les cas où il faudrait réveiller un enfant, cela ne se fait pas n’importe comment… il s’agit de réveiller l’enfant en douceur en le stimulant par des bruits environnants (en faisant un peu de bruit, en ouvrant la porte, en laissant passer un peu de jour/de lumière…) lui permettant alors d’émerger entre deux cycles, lors d’un micro-réveil. Il est important d’être attentif à cela afin de ne pas réveiller l’enfant qui est dans un sommeil profond.
 
Leurs angoisses : « Quoi ? Il a dormi jusqu’à 17h30 ? Ça va être compliqué pour l’endormir ce soir… »
Eh oui, en tant que professionnelles nous entendons souvent ce genre de discours chez les parents lorsque nous faisons les échanges du soir. Le parent formule cela comme une vérité. Il induit en quelque sorte cette idée à l’enfant, en le formulant à haute voix devant lui. Le parent peut se sentir stressé, angoissé car il va appréhender le moment du coucher, et cela va se répercuter sur l’enfant qui va en effet, avoir du mal à s’endormir. C’est ce que l’on peut communément appeler un cercle vicieux : plus il y a de pression, de stress, d’angoisse autour du sommeil, plus l’enfant le ressent et va dans le sens du parent. Le moment du coucher demande parfois un lâcher-prise de la part du parent pour éviter que les émotions négatives ne viennent entraver l’endormissement de son enfant.
 
La linéarité : « Avant il faisait des siestes de 3h, maintenant je trouve qu’il ne dort plus. 1h ce n’est pas assez »
Le fait de respecter les rythmes de sommeil de l’enfant lui permette de trouver un équilibre et de mieux gérer ses émotions. Cependant, il faut savoir que son sommeil, son rythme et sa qualité ne sont pas linéaires chez le tout petit. Il grandit, il évolue et se découvre des préoccupations différentes en fonction de son âge et de ses découvertes/expérimentations.
 
Ce qui est nécessaire de savoir, c’est que même s’il n’y a aucune problématique particulière, l’enfant peut plus ou moins dormir à mesure qu’il grandit (ses besoins évoluent, même pour le sommeil).
 
Peuvent apparaitre également des cauchemars lorsqu’il est à l’âge où l’imagination explose et qu’il aime lire des histoires de monstres, loups, ogres ou sorcières pour se faire « peur »… et des difficultés d’endormissement ou des réveils nocturnes. Nous avons souvent des parents étonnés que leur enfant, qui dormait si bien, a du mal à s’endormir, a besoin d’une présence, se réveille la nuit alors qu’il ne le faisait jamais… cela peut être temporaire ou apparaitre par « phases ».
 
« Pourquoi mon enfant ne dort pas ? »
Lorsque l’enfant commence à avoir des troubles du sommeil alors qu’il n’en avait pas avant, l’idée c’est de chercher d’où cela peut venir : est-il douloureux ? A-t-il des angoisses ? Y-a-t-il eu des changements à la maison ? (Il est passé en lit de grand ? il a changé de chambre ? un meuble a-t-il été changé de place ?), s’est-il passé quelque chose dans la journée qui a pu le « marquer » ?
 
L’enfant vit tellement de choses, qui nous paraissent parfois insignifiantes, qu’il ne faut pas s’inquiéter si, à des moments, le sommeil de l’enfant est perturbé. Cela peut se régler rapidement, avec des petits rituels que vous aurez pris le temps de mettre en place avec votre enfant afin de le rassurer, le réconforter, le sécuriser.
 

Comment les parents répondent aux réveils nocturnes des enfants…



 
On ne peut pas parler de « bonnes » ou de « mauvaises » habitudes en ce qui concerne le sommeil de l’enfant. Il est important de pouvoir réfléchir à ce que l’on met en place avec son enfant, de peser le pour et le contre mais également de se poser la question : est-ce que mon enfant en a réellement besoin ?
 
Le sommeil est quelque chose de complexe et délicat que nous ne pouvons pas contrôler. En fonction des cultures et traditions, des possibilités différentes s’offrent à nous et c’est à vous en tant que parent de faire vos propres choix en ce qui concerne les pratiques liées au sommeil.
 
Et s’il apparait des problèmes d’endormissement, ou des réveils nocturnes persistants, il peut être intéressant de « creuser » un peu plus en profondeur, de trouver et de comprendre d’où cela peut venir car le sommeil a quand même une grande part de psychologique. Quelques fois cela dépasse nos compétences et lorsque nous avons essayé avec vous tous les petits outils dont nous disposons, il peut s’avérer intéressant de demander de l’aide et des avis extérieurs… et surtout de ne pas avoir honte.
 
Différents professionnels en fonction de vos convictions et de vos croyances peuvent vous accompagner : naturopathe, homéopathie, micro-kiné, pédopsy… Nous sommes aussi là si vous avez besoin d’écoute, de soutien et d’accompagnement.
 
Aurélie et Vanessa – Educatrices de Jeune enfant
 
Quelques livres pour aller plus loin…
Cet enfant qui ne dort pas – Lyliane Nemet-Pier ; Albin Michel, 2003, 192 pages.
Le sommeil de l’enfant, Marie-Josèphe Challamel ; Masson, 2009, 208 pages.
Le sommeil du bébé, Elisabeth Darchis ; Editions Philippe Duval, 2013, 128 pages.
 
Internet :
Site internet Lesprosdelapetitenefance : posdcast de Héloïse Junier.