Les jeux d’imitation et de « faire semblant »

L’imitation

 

Dès les premiers mois, le tout petit imite l’adulte, le plus souvent sa mère et son père. Nous avons tous déjà observé l’enfant qui fait « bravo » en tapant dans les mains, ou bien « au revoir » alors que son parent le fait devant lui. On appelle cela l’imitation « directe », c’est-à-dire que l’enfant reproduit le geste qu’il vient de voir, spontanément.
Plus tard, vers 18 – 24 mois, l’enfant est capable d’imiter un modèle en son absence en réactivant des images mentales. Il reproduit une action qu’il a vécue ou observée dans son quotidien. C’est ce qu’on appelle de « l’imitation différée ». Nous l’observons beaucoup dans le cadre de la dinette par exemple : l’enfant fait semblant de boire / manger, etc. Il évoque quelque chose d’absent. C’est qu’il a la capacité de se représenter mentalement quelque chose qu’il ne voit plus. Cela est en lien avec ce qu’on appelle la permanence de l’objet (un objet / une personne qui cesse d’être présent continue d’exister).

L’importance des jeux d’imitation et symboliques

 

Plus les objets sont réalistes, plus l’enfant les investi. Chez les plus petits, les jeux sont simples : biberons, poupées, assiettes, couverts pour la dinette, etc. Les plus grands ont des jeux plus élaborés, comme l’établi de bricoleur, ou du matériel de ménage (oui oui, ils adorent « faire » le ménage entre 1 an et demi et 4 ans environ !). Les jeux d’imitation et symboliques ont plusieurs intérêts.
Tout d’abord, imiter aide à comprendre le monde dans lequel il vit : en reproduisant les gestes et actions des plus grands, l’enfant intègre des comportements et comprend davantage son environnement. De plus, en imitant, l’enfant interagit avec son environnement ; il devient « acteur » lorsqu’il reproduit une scène qu’il a vécue.
Entre 2 et 4 ans, le jeu symbolique permet à l’enfant de résoudre des conflits internes, de se libérer des contraintes du quotidien. Il a un rôle d’exutoire. L’enfant reproduit des scènes qu’il a vécue ou « subie », de son point de vue à lui, dans un cadre sécurisant. Parfois nous l’observons par exemple gronder une poupée, expérience qu’il a pu vivre en se faisant gronder lui-même. Cela lui permet également d’assimiler les rôles sociaux et de se soumettre aux règles et aux codes. En faisant semblant d’être l’autre, l’enfant peut exprimer des choses même lorsqu’il ne maitrise pas totalement le langage. Les jeux symboliques et de « faire semblant » lui permettent de prendre du recul par rapport à ce qu’il vit.
La motricité fine est favorisée également : en manipulant des petits objets comme les couverts de la dinette… l’enfant donne à manger a la poupée, l’habille, etc. Ses habiletés motrices sont donc entrainées !
Les jeux d’imitation sont aussi bénéfiques dans les processus de socialisation. En effet, le fait de jouer d’autres rôles permet à l’enfant de prendre conscience de l’existence de l’autre, mais aussi de soi-même et de jouer en interaction.

Les jeux d’imitation à la micro-crèche

 

À la crèche, nous avons une palette variée de jeux d’imitation que nous proposons régulièrement.

L’univers « dinette »

C’est le jeu d’imitation numéro 1, très apprécié des enfants (et des adultes, qui se font servir des cafés et thés à volonté !). Cet univers comprend à la fois une dinette « spécial enfants », mais également quelques accessoires à taille adulte, comme une carafe d’eau en plastique, des verres en plastique, des assiettes de taille « normale »… Avec la récupération de matériel, nous proposons des objets réels du quotidien. Et c’est d’autant plus intéressant pour l’enfant. En effet, avec ces objets qui sont conformes à la réalité, l’enfant peut plus facilement imiter, car cela ressemble à a vraie vie !
Nous observons une évolution dans les jeux des enfants. Les tout-petits sont beaucoup dans la découverte du matériel en lui-même. À partir d’un an à peu près, nous observons des enfants faire semblant de manger en portant la cuillère à la bouche. Plus tard, ils « préparent à manger ». Et les « grands » qui parlent bien nous disent ce qu’il y a dans leur assiette lorsque nous les questionnons, ils « jouent le jeu » et nous aussi !
M. 3 ans, ramène une assiette à une professionnelle en lui disant « tiens, mange ». La professionnelle lui demande ce que c’est. M. répond : « des pâtes ». Et le jeu se reproduit plusieurs fois, avec des professionnelles différentes.

L’univers des poupées

Nous avons quelques poupons à proposer aux enfants, de nationalités différentes, afin que cela participe à l’intégration de la « différence » de genre et de couleur ! En dehors des poupées en elle-même, cet univers est agrémenté d’un pot, de bavoirs, de petits biberons, de poussettes… nous utilisions là encore quelques objets « réels », qui permettent d’avoir du « vrai » matériel, afin d’enrichir leur jeu d’imitation.
E., 2 ans et demi joue avec les poupées. Elle a installé la poupée sur le canapé. Elle lui « parle », elle lui montre un livre. Un peu plus tard, avec cette même poupée, nous l’observons se « fâcher » contre celle-ci ; elle pointe son doigt, elle fronce les sourcils et s’adresse à la poupée sur un ton fâché !

Les déguisements (sacs, lunettes, chaussures…)

Les différents accessoires que nous avons récupérés nous permettent de constituer un univers « déguisement », ou plus précisément « imitation des adultes ». Car nous proposons des sacs à mains, des lunettes de soleil, des chapeaux, etc… les enfants adorent ! Ils peuvent faire comme papa ou maman, et se dandiner avec leur sac à main pour aller faire des courses !

Le bricolage

Nous avons un établi en bois avec différents accessoires et outils : des marteaux, clé à molette, tournevis ; boulons, etc… là il apparaît difficile de proposer des « vrais » outils, bien entendu dangereux pour les petits enfants en collectivité ! Néanmoins, notre matériel ressemble à la réalité, et les enfants peuvent enfoncer des clous en plastique ou en bois, visser, ou dévisser, etc… en plus d’imiter, les plus grands travaillent leur motricité fine et leur dextérité !
L., 3 ans, utilise le tournevis, mais également ses doigts pour dévisser les boulons. Il est très appliqué. Il enfonce aussi des clous qu’il retire ensuite. Il se met dans des postures comme un vrai bricoleur : sous l’établi parfois, pour dévisser, bricoler. Nous avons appris qu’il avait vu son grand père faire, et qu’il bricolait avec lui, avec de vrais outils.
Tous ces jeux d’imitation sont donc intéressants pour l’enfant, ils lui permettent de revivre des scènes agréables ou désagréables qui s’inscrivent dans sa mémoire. Nous observons souvent qu’il rejoue des scènes « négatives », cela montre qu’il comprend ce qui s’est passé pour lui. Alors, n’hésitez pas à en faire usage, et à partager ces moments de jeux avec votre enfant !