Les pleurs des enfants

Les pleurs des enfants, un sujet dont on ne parle pas beaucoup et qui, pourtant, demande à ce qu’on y réfléchisse davantage. Nous y sommes en effet confrontés au quotidien, parents, et professionnels. Les représentations des pleurs sont propres à chacun, les réactions aussi, en fonction de notre vécu, de notre patience, de notre façon d’interpréter les pleurs.
Les enfants pleurent…. Pourquoi ? Comment réagir face à ces pleurs ? Quelle attitude avoir ? Penchons-nous un peu sur ce sujet afin de concevoir les pleurs d’une manière « positive ».

L’ENFANT PLEURE : POURQUOI ?

 

Le bébé pleure car c’est son seul moyen d’expression. Cela peut concerner les causes organiques, telles que la sensation de faim, la fatigue, la douleur. Ou alors un besoin d’attention, d’affection. Mais c’est aussi un moyen pour l’enfant d’évacuer ses nombreuses frustrations, ses besoins, ses angoisses, lorsqu’il n’a pas encore les mots pour les dire. Parfois, l’enfant pleure alors que ces causes-là sont éliminées… à quoi cela est-il dû ?
Souvent, nous les interprétons en termes de « caprices », « comédies », « cinéma »… et notre réponse est en général de ne pas y prêter attention ou demander à l’enfant d’arrêter de pleurer. Ce qu’il faut savoir, c’est que le bébé n’a pas la capacité neurologique de jouer la comédie.
Les pleurs et les cris peuvent être considérés autrement, comme un moyen de « décharge » des tensions accumulées. Pleurer serait le résultat de l’évacuation de stress pouvant provenir de situations antérieures ou actuelles. Ce stress peut être défini comme « un état réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque ».

Mais… d’où vient ce stress ?
Il y a beaucoup de sources de stress chez l’enfant. Il peut être lié à des facteurs :
physiques / organiques
psychiques
émotionnels
environnementaux
Nous pouvons citer comme exemples : la lumière trop forte, le bruit, les changements de repères, les mouvements, les situations nouvelles, etc. L’enfant accumule alors du stress au cours de sa journée qu’il libère quand et comme il peut. Un enfant qui ne pleure pas dans la journée peut « profiter » du moment du coucher du soir pour évacuer et pleurer les tensions qu’il a accumulées. C’est pour ça que certains enfants pleurent avant de s’endormir, pour retrouver un état de bien-être.

Comment évacuer ce stress ?
Nous, adultes, nous avons plusieurs moyens à notre disposition pour de libérer et gérer notre stress : le rire, le sport, la parole, et d’autres moyens propres à chaque personne. Et l’enfant, quels moyens a t-il pour cela ? Par le jeu, le langage, la motricité (courir, sauter…) et le sport selon l’âge, le rire, les pleurs.Ce sont ce qu’on appelle des mécanismes libérateurs. Avant un an, le bébé n’a que les pleurs à sa disposition, et plus il grandit, plus il développe d’autres moyens libérateurs.
Les pleurs permettent alors de libérer les hormones du stress et donc de revenir à un état d’apaisement. Ils sont donc un moyen de régulation, une manière de retrouver un équilibre et un état de bien-être. Les pleurs ont fonction libératrice et sont bénéfiques sur l’organisme.

LA RÉACTION DES ADULTES FACE AUX PLEURS

 

Notre tendance face aux pleurs est de vouloir les faire cesser (détourner l’attention, donner de suite la tétine ou le doudou, etc.. ou même parfois crier et s’agaçer en lui disant d’arrêter de pleurer…), ce qui peut se comprendre. Les pleurs nous mettent dans un état émotionnel difficile, le niveau sonore peut être compliqué à supporter, alors nous faisons des propositions qui ont pour objectif de faire cesser les pleurs au plus vite.
Or, stopper ces pleurs n’aide pas l’enfant à se sentir mieux, au contraire. De cette manière, il emmagasine ce stress, et il ressortira à un autre moment, de manière plus forte et plus longue. En stoppant les pleurs, nous ne lui permettons pas de libérer sa souffrance.
L’agacement provoqué par les pleurs et l’indisponibilité psychique et affective de l’adulte (parent ou professionnel) pendant ces moments, insécurise l’enfant qui aura une tendance du coup à être irritable et pleurer davantage. La répression des pleurs peut par ailleurs créer des blocages émotionnels.
Un bébé et un enfant A BESOIN de pleurer, et les enfants qui pleurent suffisamment en tirent même des bénéfices :
Un meilleur équilibre émotionnel
Un attachement satisfaisant aux adultes
Une plus grande confiance en eux-même
Ces enfants sont plus faciles à vivre. Ils apprennent plus facilement.
Alors, comment accueillir et gérer ces pleurs ?

ACCUEILLIR LES PLEURS : POURQUOI ? COMMENT ?

 

Pleurer est essentiel pour l’enfant : il est nécessaire de le consoler, de l’accompagner, et de percevoir ces pleurs comme un appel à la communication. L’attitude la plus adaptée serait d’accueillir ces pleurs. Il s’agit d’accepter de les voir autrement et aider l’enfant dans la gestion de ses émotions, et tensions ce qui permet de développer un bon équilibre physique et émotionnel.
Comment accompagner ces pleurs ? Par la parole, tout simplement, en prenant par exemple l’enfant dans ses bras ou en se mettant à côté et en ne l’empêchant pas de pleurer. Cela permettrait à l’enfant d’évacuer une forme de souffrance, qui serait alors entendue par l’adulte.
Plus les pleurs sont accueillis, évacués, autorisés, moins ils seront forts et longs au fil du temps. La durée et l’intensité vont en effet diminuer car l’enfant aura pu évacuer quand il en aura eu besoin. Une inhibition ne fera que décaler les pleurs qui pourront être plus forts et durer plus longtemps.
En conclusion, plus le bébé est consolé rapidement, plus les pleurs cesseront vite et seront moins nombreux. Prendre son enfant dans les bras lorsqu’il pleure, ce n’est pas « céder à un caprice » ! Le sentiment de sécurité affective sera en effet renforcé et les tensions soulagées et accueillies. Les pleurs ne devraient donc jamais être ignorés mais recevoir une réponse bienveillante, de compréhension des besoins et émotions.
Aurélie, éducatrice de jeunes enfants

BIBLIOGRAPHIE
• EJE journal n°47, Juin / juillet 2014, p 16 – 17
« Pleurs et colères des enfants et des bébés », Alheta SOLTER, éditions JOUVENCE, 1998
« quelques éléments sur les larmes et les colères »
« les pleurs des bébés : de la naissance à un an »
« Un enfant heureux », Margot SUNDERLAND, éditions PEARSON, 2006
« L’ABébéC de la petite enfance », Laurence RAMEAU, éditions Philippe DUVAL, mai 2014